La vie des Bodin's

Loué soit la maria ! la maria Bonnin. Si si, Bonnin. Car c'est elle qui a donné la Maria Bodin. « J'étais ambulancier quand j'ai rencontré cette maria Bonnin. Une vielle dame de 85 ans, d'Abilly, qu'on a dû transporter suite à sa chute de solex. C'était une femme de caractère, à la foi revêche et tendre, que j'ai adorée, et çà m'a donné l'idée d'en faire un personnage de scène », raconte Vincent Dubois, qui, vingt ans plus tard, repensera forcément à cette singulière et déterminante rencontre, le 21 septembre, dans sa loge de l'Olympia.

La maria à l'Olympia....Qui l'eut crû ? Né en 1964 d'une mère au foyer et d'un père facteur, le gars de robert et Dany aura grandit au pays, c'est-à-dire à Abilly, dans une nichée de six enfants. Passé l »âge de l'école Sainte-marie, voilà notre rôle dans un collège de Poitiers, puis à dangé, mais à 16 ans, le voilà amené à abandonner ses études (très) secondaires pour faire un apprentissage, en l'occurrence d'ébéniste, à la Guerche. Fait pour les planches, mais pas pour le bois.... Dans l'incapacité de se tenir debout longtemps suite à un grave accident de moto, c'est-à-dire La poste qu'il assoira : un an de guichet tournant en Indre-et-Loire, mais ça colle pas. Ça va encore bouger, mais en urgent seulement : ambulancier trois ans durant à Descartes, ce sera dans une ambulance qu'il fera connaissance de Marie, qu'il épousera, et de Maria l'autre femme de sa vie. Une petite vieille infernale, au bon sens terrien, qu'il ne va pas tarder à s'approprier sur scène. Car l'Vincent, ça faisait un moment qu'il avait envie de faire l'artiste : « A 8 ans, je faisais déjà chanteur guitariste dans les fêtes de famille » S'étant lancé dans le café-théâtre en se produisant plus au Québec, dans le Vieux Tours, il y préfèrera vite le sketches à la chanson et y présentera son premier one man show : « Les aventures solexines de la maria Bodin ». ça va dès lors rouler pour l'ex-ambulancier, Prix du jury aux Devos de l'humour, son héroïne s'étant non seulement fait un nom dans son lochois natal, mais aussi à Tours, notamment au Bateau Ivre et lors du festival Le chaînon manquant....avant que n'entre en scène le fiston manquant.
Le garçon de maria, ce sera Christian, ou plutôt Jean-christian Fraisinet, rencontré en 1994, sur le bord d'une route. Né en 1965 et vivant à valençay, ou il participa au son et lumière du château, et autre « cultureux » avait lui aussi la vocation, mais la différence de Vincent, plus celle du théâtre que du café-théâtre : « Je commandais au père noël des places pour la comédie française », se souvient l'ex-étudiant, qui à la fac de médecine, préféra vite le conservatoire d'art dramatique de Tours, où il décrochera une médaille d'or, avant qu'il ne monte son éphémère Compagnie Zap, avec son pote de conservatoire, Hervé Devolder, auteur depuis de la très enjouée musique des spectacles des bodin's. Et ce fut ainsi qu'en 1994, la maria Bodin fit place aux Bodin's, succès à la clé. Parrainé par la comédienne Michelle Bernier et primé dans plusieurs festivals, notamment en Avignon, l'irrésistible duo n'a depuis cessé de tourner, quasiment à guichets fermés. Tous spectacles confondus (maria Bodin, les Bodin's mère et fils, l'inauguration de la salle des fêtes, en attendant le sous-préfet, les Bodin's grandeur nature, les Bodin's bienvenue à la capitale), et à raison de cent cinquante à deux cents représentations chaque année, plus de cinq mille représentation (y compris en Belgique et en suisse), mais aussi plus de 400000 vidéos et DVD, ont ainsi popularisé la vieille paysanne édentée au parler cru. Elle et son attendrissant benêt de fils n'auront même cessé, ces dernières années, de tenir l'affiche, souvent des mois durant, des théâtres parisiens, du point Virgule aux Blancs Manteaux, du Mélo d'Amélie au café de la Gare, de la comédie Caumartin au palais des Glaces, et donc, « cerise sur le flan », jusqu'à ce mythique Olympia.
« Consécration suprême », résume Vincent. « J'y pense tous les soirs en m'endormant » , confie Jean-christian, qui se voit déjà en haut de l'affiche : « En fait, comme on paye à la lettre posée, on se contentera d'écrire Les Bodin's, car si on ajoute « Bienvenue à la capitale », çà va nous coûter cher ! En tous cas, on va leur faire voir comment ça se plume, un lapin de garenne...... »